Le jour J ou comment rien ne se déroula comme prévu

Et oui j'y suis enfin passée et qu'elle aventure!

Parce que dans ma recherche d'idéal j'avais réservé la salle nature et voulais un accouchement tout ce qu'il y a de plus naturel sans péridurale et tutti avec les cours sur les exercices de respiration, les massages, bref j'étais au max de ma préparation physique et mentale.

Sauf que l'on ne m'avait pas précisé que le travail, le vrai, pouvait durer looooongtemps!

Jeudi, 14h.

Je commence à sentir des contractions. pas comme d'habitude juste un peu plus fortes mais bon je m'étais mise en tête de faire les ourlets des rideaux du salon avant d'acoucher et était restée debout un moment, il devait donc être normal d'avoir ce petit désagrément.

En même temps la semaine d'avant j'avais commencé à avoir des contractions dans le même genre qui se sont soldées par un faux travail, la chose la plus frustrante qui existe. Comment avoir mal pour rien....

Jeudi 22h.

Bon là les contractions se sont intensifiées et deviennent régulières et malgré le spasfon et le bain rien ne s'en va (mais au moins mes rideaux sont finis et presque tous suspendus, oui je sais mais j'assume...).

"_Greg je crois que tu devrais aller te reposer je sens que la nuit va être longue....

_ Tu es sûre?

_ Oh oui...."

J'ai quand même eu un doute car la semaine dernière j'y croyais tellement que la déception n'en fut que plus grande.

En revanche un truc qui me faisait du bien c'est le fameux gros ballon. Imaginez une nana fatiguée, dépitée en train de sautiller comme une imbécile à minuit au milieu de salon, le top du glamour!

Vendredi 2h.

Ne tenant plus et comme les contractions sont maintenant bien fortes et régulières, je prend la décision de réveiller ma moitié et nous partons pour la maternité.

Quelle attente dans ce long couloir qui mène aux urgences obstétriques!!! Affolant comme le temps passe lentement lorsque l'on souhaite fortement quelque chose. Je reste bloquée devant cette porte sécurisée pendant au moins 30 bonnes minutes.

Et là soulagement, une sage-femme vient me chercher et me fait enfin rentrer dans son service.

Après une série de monitoring (que je déteste car il devient alors difficile de se mouvoir et donc de faire les exercices d'étirement afin de se soulager) et un examen par la sage femme, le verdict tombe " le col commence à s'ouvrir mais encore trop peu pour que je vous garde. Rentrez tranquillement chez vous et revenez sur le coup des 6/7h si les contractions persistent"

Comment lui expliquer que le "tranquillement chez vous" consiste à monter quatre étages sans ascenceur?

Mais j'ai trouvé la technique. Attendre que la contraction passe et courir. A 3h du matin. Enceinte jusqu'au cou. En manquant de réveiller tout l'immeuble.

Bon je tiens comme ça jusqu'au 3ème mais j'admire ma performance. Comme quoi il m'en reste encore un peu dans les jambes malgré mes 9 mois sans sport.

Vendredi 6h

Non mais là c'est sûr je vais forcément accoucher. Les contractions deviennent insupportables, ne passent pas et j'alterne bain chaud et ballon.

Retour à l'hopital, j'ai envie d'hurler et de mordre tout ce qui passe mais me contient (même si je comprendrais plus tard que du moment que nous passons les portes de la maternité pour accoucher, la pudeur et la dignité sont deux choses qui restent dehors), j'ai faim, j'ai soif, je suis barbouillée et surtout j'ai sommeil mais à cause de cette p***** de douleur, je n'arrive pas à dormir.

Vendredi 8h

Mon col étant ouvert à 2, la sage femme décide de me garder et me passe en salle de pré-travail (enfin!).

Et là je ne sais pas si cela venait de mon état résultant de la nuit horrible que j'avais passé, du soulagement de se dire que c'était le bon jour ou bien si cela était dû au fait que les douleurs durait depuis trop de temps mais j'ai craqué. Au diable l'accouchement naturel et allez tous vous faire voir (oui oui dans ces moments là même le plus doux des agneaux devient une vraie furie) mais je la veux ma péridurale!!!! Et je veux dormiiiiiiir!!!!!

Accord de la sage-femme qui me prévient simplement que cela sera possible quand le col sera à 3 et donc d'essayer de patienter encore un peu. Elle m'assure revenir dans une heure pour me surveiller et prévenir l'anesthésiste.

La salle de pré-travail consiste en une simple chambre aménagée de draps suspendus, de ballon (ouf!), et d'une salle de bain avec une douche et une chaise en plastique (sur le moment je n'ai pas compris ce que faisait cette chaise à cet endroit)

Vendredi 11h

Pas de passage de la sage-femme depuis 3h simplement de l'auxiliaire pour vérifier si tout allait bien (tout allait merveilleusement bien voyons!) et j'alterne entre la douche très chaude et le lit. Non en fait je ne vais plus dans le lit car le froid intensifie la douleur des contractions et reste sur ma chaise en plastique sous la douche qui coule depuis deux heures (je suis tellement épuisée que j'en ai les jambes coupées).

Lorsqu'une contraction arrive, je n'en peux tellement plus que j'alterne coup de pieds et de poings dans le mur (ah mais c'était ça mon mal à la main droite ?!?). Comment décrire mes contractions? Une main qui rentre par en bas et tire vos boyaux jusqu'à vouloir les sortir.C'est à peu près ça et ça donne envie n'est-ce pas?

Je revois encore mon chéri, assis par terre devant la porte de la douche me regardant avec un air déconfit car ne sachant pas quoi faire pour me soulager.

A un moment, prise par la douleur et donc courbée en deux, Greg me demande de venir lui serrer les mains afin de soulager ma douleur. Le problème dans cette position c'est que j'étais pile à hauteur de ses pectoraux et je ne sais pourquoi mais j'ai eu un sale réflexe et je vous laisse imaginer ce que j'avais envie de mordre. Heureusement que l'un de nous deux était encore conscient et surtout avait de bons réflexes. En même temps, nous étions au bon endroit pour des points si besoin.

Vendredi 12h

La sage-femme vient enfin nous voir. Moi à moitié inerte à cause de la fatigue et de la douleur (mais comment vais-je faire pour l'acte finale?) et greg le visage fermé. Un beau tableau.

Nous apprenons enfin pourquoi tout à mis autant de temps. L'anesthésiste était coincée sur un accouchement difficile avec de gros risques et ne pouvait se libérer.

Ok je préférais galérer plutôt que d'être à la place de cette future maman. Parce qu'après tout mes petits malheurs ne sont pas si terribles que ça. Et même dans ces moments là on peut se mettre à relativiser.

La sage-femme me propose alors une solution alternative en attendant de pouvoir recevoir la péridurale. Me mettre un masque avec un gaz qui me permettra de me détendre. Foutue pour foutue je suis prêt à accepter n'importe quoi.

Nous passons donc en salle de travail (ooooooh!). Je suis entourée par une équipe de quelque personne qui me prépare en attendant que futur papa se pare d'une blouse et de sur-chaussures. En y repensant, je crois que la moitié du service présente ce jour là m'a vue à moitié nue (oh dignité! ma loitaine amie! où es-tu?).

Comment vous décrire les effets du masque? D'abord une sensation de gêne comme si on essayait de vous étouffer, puis le bas de visage engourdi et enfin un effet de bien être. En gros un peu comme au milieu d'une soirée bien arrosée. D'ailleurs au bout d'une demi heure j'ai eu un moment de lucidité et je ne comprenais pas pourquoi l'équipe présente rigolait jusqu'à ce que je me rende compte des énormités que je racontais (un peu amoureuse au passage). Parce que comme l'alcool, le gaz n'empêche pas la parole à mon grand désarrois mais quel pied! J'avais mal mais je m'en fichait j'étais trop bien.

Vendredi 14h

Entrée en piste de l'anesthésiste. Et arrêt du masque.

Il est a noté que la chute des effets du gaz ressemble aussi à un lendemain d'une grosse soirée. Et plus on garde le masque longtemps plus la chute est brutale. Sauf que là je ne pouvais pas me lever. Breeeeef.....

Autre évènement "marrant" a été de coupler la nouvelle prise de conscience de la douleur (plus forte que jamais) avec le fait d'éviter de bouger pour que l'anesthésiste puisse poser la péridurale. Je défis n'importe qui d'arriver à se concentrer dans ces moments là. Surtout lorsque l'on a pas dormi depuis .... tout ça.....pfiou!

Et là au bout d'un quart d'heure le nirvana, l'apaisement tout puissant, je ne sentais plus aucune douleur et pouvait enfin aller rejoindre les bras de Morphée.

Vendredi 16h

Coup de traîtrise de Greg qui me prend en photo pendant que je dors.

Vendredi 18h

4h de sommeil ce n'est pas beaucoup mais ça m'a fait un bien fou et je reprend mes esprits. Enfin si on oublie le fait que j'avais droit à un contrôle toutes les heures par l'équipe soignante donc je ne dormais que d'une oreille.

Mon portable n'a pas arrêter de vibrer toute l'après-midi. Je jette un coup d'oeil rapide (ce qui est génial à l'hopital, c'est que le réseau est tellement mauvais que je peux uniquement conulter mes messages mais ne peux y répondre. Pas grave car je n'ai vraiment pas envie de communiquer, juste besoin de ne penser à rien) et découvre la tonne de message de ma famille, mes amis et quelques contacts facebook qui se demandent où je suis passée car pas de connexion ni de textos depuis 48h et les volets de la maison sont fermés. L'avantage dans tout ça c'est que si un jour je venais à être enlevée au moins ça se remarquerais vite. Et quelque part ça fait un peu chaud au coeur.

Vendredi 20h

Enième passage de la sage-femme et de l'interne qui viennent me contrôler (à tour de rôle et en même temps ce qui est charmant) pour savoir si le travail avance. Le col est quasiment ouvert mais la poche des eaux est encore présente, la sage-femme prend alors la décision que si dans une heure rien n'est rompu, elle s'en occupera et fixe l'accouchement à 22h. On y est presque. L'équipe de jour est partie mais un peu déçue car j'étais le dernier accouchement de la journée et surtout il y avait eu un bon feeling entre eux et nous ce qui était plutôt agréable.

Vendredi 21h

Installation pour percer la poche des eaux. Difficile de se lever quand on a les jambes engourdies mais ça va le faire. Les filles me redresse en position demi-assise afin d'aider bébé à descendre plus facilement et me laisse de nouveau tranquille.

Nouvelles nausées, plus intenses cette fois (en même temps je n'ai pas mangé depuis la veille, normal donc d'avoir plus mal que d'habitude) et l'équipe revient au grand complet dans la salle. Tout le monde s'agite autour de moi mais personne ne me regarde, je me dis que cela doit être normal car nous sommes à peine à une heure de l'accouchement.

En réalité je venais de faire une incroyable chute de tension, bébé avait suivi et s'était retrouvé à 40 pulsations minutes et je n'avais plus de contractions. Et tout le monde (Greg compris) avait fait son maximum pour que je ne remarque rien afin de ne pas m'inquiéter. Heureusement ce petit épisode tragique n'avait duré que quelques minute et tout était repartis normalement. Une belle frayeur digne d'une série américaine.

Vendredi 22h10

Le grand final. D'ici quelques instant nous serons enfin parents. J'ai hâte et suis plutôt détendue. Après tout il suffit juste de pousser. Je remarque qu'en plus de la sage-femme et de l'interne d'autres personnes du service s'étaient invités pour suivre les opérations. Un autre interne suivait discrètement la scène derrière le paravent, on ne voyait que ses yeux dépasser et il donnait de temps en temps des indications à Greg à savoir si je poussais bien ou moins bien, ce qui était assez amusant car j'avais remarqué leur manège dès le départ.

Et au bout d'une dizaine de poussées notre petit Mathilde est enfin sortie. Quel soulagement de voir enfin cette petite frimousse! Deux bras, deux jambes bon tout est en ordre. Un joli petit cri de bienvenue. En revanche quelle poilue!!! J'avoue avoir bloqué sur cet amas noir pendant un moment.

Ce qui m'a frappé aussi c'est d'avoir cette impression de déjà vu en regardant son visage. J'ai vraiment eu la sensation de me voir moi sur les photos de ma naissance, son petit nez était un peu plus gros mais l'ensemble y ressemblait étrangement.

A peine le temps de profiter de ce peau à peau que Mathilde m'est de suite retirée afin que le jeune papa puisse en profiter.

Le problème était que la chaise où Greg pouvait s'assoir était à ma droite alors que lui se situait à ma gauche, il a donc dû faire le tour afin de passer de l'autre côté. Tout ce que j'espérais, c'est qu'il ne tourne pas la tête arrivé à mi-chemin. Et pouvez-vous me dire pourquoi la sage-femme et l'interne qui m'oscultait se sont mise à parler lorsqu'il était à leur niveau? Je crois que depuis ce moment là je n'ai plus du tout eu de secret pour ma moitié....Enfin heureusement que de par son métier, ça ne l'a pas plus choqué que ça.

Je passerais le récit détaillé de ce qui est arrivé par la suite mais peut annoncer que j'ai eu droit à une explication détaillé du placenta type "le journal de la santé" ce qui était relativement intéressant. Selon Greg je suis irrécupérable mais que voulez-vous ça me passionne.

Puis la faim, une énorme faim m'a repris, ce genre de faim qui vous fait vous sentir mal au point de ne pouvoir faire le moindre geste. Et quelle joie de découvrir que je vais être remontée dans ma chambre en fauteuil roulant!

Je tiens d'ailleurs à remercier la personne qui m'a accueilli dans ma chambre à 1h du matin et qui m'a gentillement préparé un petit repas. Dans ces moments là ce qui est génial c'est que j'étais tellement affamé que j'alternais sucré et salé. Peu importe le goût, il fallait que je me remplisse l'estomac.

Voilà donc pour le récit de cette folle journée. Beaucoup d'émotion, de sensations nouvelles mais au final même si la fatigue se faisait sentir et que je planais à quinze mille, j'étais heureuse de voir ma fille, notre fille et surtout que tout soit fini. Depuis cet épisode, je ne dors plus vraiment et suis souvent à l'ouest mais il est intéressant de voir comme notre vision des choses change et comme l'on peut revoir se priorités sur pas mal de choses. Mais bizarrement je me sens plus zen et suis heureuse, ce qui ne m'étais pas arrivé depuis longtemps.